La loi de Parkinson

Publié le par Alex

Je ne sais pas vous, mais moi, lorsque j’acquiers un nouveau support de stockage (du type disque dur externe), doublant ou triplant par là-même la capacité totale dont je dispose, je me rends compte que peu de temps après le disque dur est déjà rempli plus qu’à moitié…

N’avez-vous jamais acheté un nouveau frigo, plus grand que le précédent ? Je vous parie que celui-ci s’est retrouvé finalement aussi plein que l’ancien…

Et que pensez-vous qu’il arrive lorsqu’une municipalité décide de doubler la largeur des voies de circulation, face à un important trafic ? Le nombre de voitures augmente lui aussi, tant et si bien que la circulation reste toujours aussi difficile !

Alors ? Faits étranges, supercherie, ou puissant sortilège maya ? (Bon OK, demain j’arrête cette vanne.) Rien de tout ça, évidemment, vous vous en doutez ! Et vous serez heureux d’apprendre, si vous ne le savez pas déjà, que ce phénomène est clairement identifié et porte même un nom : la loi de Parkinson.


Cyril Parkinson (1909 - 1993)


Cyril Northcote Parkinson était un historien et essayiste britannique. En 1958, il publia les résultats d’une longue étude sur l’administration britannique que la couronne lui avait commanditée. Il s’agissait de comprendre pourquoi, malgré le nombre grandissant de fonctionnaires chargés aux affaires coloniales dans l’Empire, l’administration de celui-ci ne parvenait pas à empêcher son déclin.


Parkinson aboutit à deux constatations :

1. "Un fonctionnaire entend multiplier ses subordonnés, pas ses rivaux" : en divisant son travail qu’il délègue à plusieurs subordonnés, un fonctionnaire évite d’être remis en cause. De plus, cette division du travail génère fatalement un besoin de coordination qui demande une charge de travail supplémentaire, menant à l’embauche de nouveaux collaborateurs.

2. "Les fonctionnaires se créent mutuellement du travail" : cette règle qui découle de la première fait donc que dans une telle administration, le nombre de fonctionnaires augmente mais le travail accompli reste finalement le même.

En énonçant donc la loi qui porte maintenant son nom, "le travail s’étale de façon à occuper le temps disponible pour son achèvement", Parkinson pointait du doigt les dérives des systèmes administratifs en général et expliquait l’inefficacité du Bureau britannique des affaires coloniales.

Il est intéressant de constater que cette loi peut s’étendre à de maints domaines de la vie de tous les jours, comme présenté au début de l’article. Le fait que votre nouveau frigo, plus grand que le précédent, semble finalement aussi plein, s’explique par le fait que de disposer de plus de moyens crée en parallèle plus de besoins. Ainsi, acquérir un nouveau disque dur grande capacité peut par exemple donner envie de numériser toute sa collection de CD audio (chose que l’on n’aurait de toute façon pas pu se permettre auparavant), ce qui du coup conduit vite le nouveau disque dur à être rempli, en proportions, comme les anciens de plus faibles capacités. Pour générer en permanence de nouveaux besoins, les industries du divertissement numérique (cinéma, jeux vidéos...) "collent" ainsi à l'augmentation de capacité des supports de stockage en développant de nouvelles technologies, toujours meilleures, mais toujours plus gourmandes en mémoire.

En fait, d’un point de vue physique, je pense que l’on peut énoncer la loi de Parkinson par :

"La nature a horreur du vide."

Créez du vide, qu’il soit sous forme de téraoctets, de mètres carrés, de mètres cubes, ou même d'heures… La nature se chargera de le remplir.


Références :

- Un remerciement à BFM, qui a diffusé ce soir un débat où l'un des participants évoquait cette loi que tout le monde connaît de manière intuitive, me donnant ainsi l'envie de rédiger cet article !

- Page Wikipédia de la loi de Parkinson :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_de_parkinson

Publié dans Sciences

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